Représentative de leur vision de ce que doit être un beau bloc et pour contribuer à la professionnalisation du métier d’ouvreur, Arkose a décidé de créer en 2021 sa propre formation pour ces athlètes de haut-niveau que sont les ouvreurs : l’Arkose Routesetting Academy.
Le résultat d’un travail de 18 mois opéré par le trinôme {Nelson / Responsable Escalade et Thibaut+Florian / Chefs Ouvreurs} est le suivant :
- un contenu de formation validé par l’OPCA (l’un des organismes financeur des formations continues) sous la forme d’une alternance rémunérée sur 6 mois (CDD),
- le recrutement d’une première promotion.
Nous avons souhaité en savoir un peu plus au travers des quelques questions qui suivent.
Comment la profession est-elle organisée aujourd’hui ?
Nous salarions la totalité de nos ouvreurs, et nous avons été les premiers à le faire en France. A l’époque la norme voulait que les ouvreurs soient auto-entrepreneurs, mais rapidement nous avons souhaité les intégrer à nos effectifs pour plusieurs raisons :
1/ parce que nous avons dès le début mis l’accent sur leur adéquation avec l’esprit de l’ouverture chez nous, nous souhaitions les fidéliser
2/ parce que un ouvreur peut se blesser, et alors qu’en auto-entreprenariat les assurances maladies sont assez chères, en tant que salarié la prise en charge est bien meilleure
3/ justement parce qu’ils sont salariés, nous avons mis en place spécialement pour eux un suivi médical (séances
d’osthéo 2x/an obligatoire + suivi par un chirurgien spécialisé dans le doigt)
4/ en France interdit de faire travailler à plein temps (100% de leur temps) des auto-entrepreneurs, l’inspection du travail est en droit de requalifier de tels contrats de prestation en contrats de travail.
Pourquoi est-ce compliqué d’ouvrir ? Et pour toi, c’est quoi, « un bon ouvreur » 😉 ?
Vaste question, c’est l’objet de la vidéo [en fin d’article] d’ailleurs. On y parle d’empathie, de bien connaitre ses points forts et ses points faibles. On peut ajouter le répertoire gestuel qui doit être vaste, la créativité débridée, et chez nous on parle beaucoup d’esthétique : pas que des mouvements que l’ouvreur veut faire faire aux grimpeurs, mais aussi du bloc en lui-même (choix et harmonie des prises, esthétique de leur disposition).
Un bloc bien ouvert doit donner envie de grimper dedans au premier coup d’œil, il doit être beau à voir. Ensuite il doit être au bon niveau selon sa couleur, et il faut qu’il conserve le même niveau de difficulté quelle que soit la taille du grimpeur (tant qu’on reste dans une fourchette bien précise quand même).
Il faut également que la méthode de l’ouvreur soit celle qui permette de passer le bloc avec le plus de facilité (il ne faut pas qu’il se shunte avec une autre méthode plus facile par exemple)…
Compliqué quand tu ouvres 6 blocs par séance que chacun réponde à tous ces critères !
Quel est le niveau d’expérience en ouverture des stagiaires ?
Aux novices uniquement. La formation ne s’adresse pas – en l’état – à des ouvreurs déjà expérimentés qui souhaiteraient se perfectionner.
Cetta formation sera-t-elle qualifiante « à l’extérieur » d’Arkose ? Quid de la réception pour un exploitant concurrent d’une formation Arkosienne à l’ouverture ?
Comme les ouvreurs sont « salariés » d’Arkose pendant la formation (c’est une formation dite en alternance), ça
reste un investissement pour nous donc on souhaite pour l’instant ne former que nos ouvreurs. Mais si nous sentons une appétence des autres salles / groupes d’escalade pour cette formation, alors nous réfléchirons à l’ouvrir à tous en la rendant payante.
Des ouvreurs qui suivent un cursus unique, ça ne risque pas d’aboutir à une uniformisation des blocs ?
Non car chaque ouvreur reste unique ! Tu as compris plus haut que nous apprenons à l’ouvreur comment ouvrir un beau et bon bloc, comment gérer l’ensemble du parc de blocs d’une salle, mais nous ne lui apprenons pas à grimper.
En revanche s’il a été accepté dans la formation c’est qu’il possède une grande gestuelle, donc à priori ça signifie
qu’il va ouvrir des choses variées.