L’escalade et les limites: on fait le bilan? Partie 2/2

Ce second et dernier article fait suite à l’article ici, où nous vous invitions à déterminer quelles limites planétaires étaient affectées par l’escalade indoor. À présent, nous allons passer en revue les réponses. Les limites planétaires ne seront pas forcément toutes abordées dans leur détail à chaque section, l’idée étant de défricher le terrain en premier lieu.

Rappelons que le but est d’améliorer la compréhension du rôle de l’escalade indoor sur ces 9 limites planétaires afin d’imaginer comment contenir l’impact, et le réduire. A l’image de ce que nous enseigne l’escalade, ici on élabore de NOUVEAUX POSSIBLES.

SECTION 1 – Les panneaux des SAE

Les panneaux des SAE peuvent avoir un impact sur les limites planétaires suivantes:

  • Changement climatique:
    • Du fait de leur transport du pays de production vers le pays d’installation, mais aussi du pays d’extraction de la « matière première » vers le pays de production du panneau, l’impact carbone des panneaux de SAE démarre là. Privilégier des modes de transport peu émissifs en carbone est un premier pas pour minimiser cet impact.
    • De plus, l’utilisation éventuelle de résines ou colles dans les panneaux SAE peut être à l’origine d’émission de COV (Composés Organiques Volatiles). Les COV se retrouvent dans l’atmosphère et augmentent l’accumulation d’ozone, ayant un impact négatif sur le climat. Il peut donc être intéressant de demander la concentration en COV des résines et colles utilisées dans les panneaux, afin de s’assurer du respect des seuils.
    • La composition des peintures, utilisées à usage décoratif ou protecteur sur les panneaux, peut également être liée à l’émission de COV, selon le type de peinture. Vérifier la concentration en COV permettra là aussi de connaître l’impact.
  • Érosion de la biodiversité: Si le bois utilisé pour produire les panneaux des SAE n’est pas issu d’une forêt gérée durablement, la biodiversité en sera affectée. Il existe des labels pour s’assurer que cela est évité: le FSC® et le PEFC®. Le label Ecocert Biodiversité est également un bon indicateur de la préservation de la biodiversité.
  • L’acidification des océans: Dans la mesure où l’acidification est liée à l’absorption carbone (les océans sont des puits carbone), plus les émissions sont élevées, plus ce processus s’accélère. Ainsi, cette limite est liée au même paramètre que le changement climatique.
  • Augmentation des aérosols dans l’atmosphère: La méthode utilisée pour peindre les panneaux des SAE et les systèmes de captation associés peuvent avoir une influence sur cette limite planétaire.

SECTION 2 – Les ossatures

  • Changement climatique:
    • De même que le transport des panneaux des SAE et de leur matière première, le transport des ossatures – métalliques ou bois – a un impact carbone. Le design de l’ossature, pour optimiser les quantités, a donc un rôle crucial en plus du choix du mode de transport.
    • De plus, la production de la structure métallique en acier inoxydable, ainsi que sa galvanisation pour un usage extérieur, nécessitent de hautes températures et donc, une forte consommation d’électricité. Selon le pays de production, le mix énergétique est plus ou moins carboné. Ainsi, les émissions carbone qui en découlent ont un impact sur le climat.
  • Érosion de la biodiversité: L’acier inoxydable est un alliage composé de fer et de carbone. L’extraction du fer se produisant dans des mines, la biodiversité peut en être affectée. Il est donc important d’identifier la gestion adoptée par la chaîne de valeur au niveau environnemental, afin de comprendre comment les minimiser.
  • Changement d’usage des sols: Cette limite dépend de l’impact environnemental de l’ouverture des mines d’extraction de fer.
  • Acidification des océans: Même observation que pour les panneaux des SAE.

SECTION 3 – Les prises d’escalade 

Qu’elles soient en résine PE ou PU, évidées ou pas, ou encore en GRP ou en bois, chaque type de prise a un impact. 

  • Changement climatique:
    • Grâce à leur poids plus léger, certaines prises comme celles en GRP ont un impact carbone moindre durant leur transport. L’évidage permis par le PU contribue aussi à la réduction du poids et donc, de l’empreinte carbone du transport.
    • Si le design des prises est pensé de manière efficace, leur mise en palette peut être optimisée et ainsi, réduire le nombre de palettes nécessaires pour les acheminer, réduisant leur impact carbone durant le transport.
    • Puisque les prises sont majoritairement en résine polymère et donc, d’origine fossile, elles ont également un impact carbone de ce fait.
    • Enfin, concernant le bois, même s’il provient de forêts gérées durablement, le poids de prises et macros en bois est à mettre en regard durant leur transport.
    • En conséquence, la recyclabilité des prises et leur durée de vie (résistance à l’abrasion, aux UV…) sont parmi les meilleures options pour minimiser leur impact carbone, si le processus de recyclage est conçu pour être moins consommateur en ressources que la production et si les unités de recyclage se multiplient pour éviter le parcours de longues distances.
  • Acidification des océans: De même que pour les sections précédentes.

SECTION 4 – Les surfaces de réception

  • Changement climatique:
    • Nous sommes toujours face au problème des émissions lors du transport.
    • De plus, les revêtements des surfaces de réception, ainsi que la mousse elle-même, sont le plus souvent synthétiques et donc, issus de ressources fossiles, avec l’impact carbone associé.
  • Acidification des océans: Même conséquence que précédemment.

SECTION 5 – Les EPI 

La pluralité des EPI nécessiterait une étude au cas par cas, notamment une analyse du cycle de vie de chaque référence, pour comprendre l’impact environnemental de chaque référence. Aussi, nous n’entrerons pas dans des généralités difficilement applicables dans la réalité. Toutefois, un des critères « universels » qui pourrait être systématiquement vérifié est celui de la part d’élément recyclé de chaque référence, afin de réduire l’empreinte environnementale.

SECTION 6 – Le bâtiment de la salle de grimpe 

Il va de soit que la construction / l’aménagement d’une salle d’escalade a une empreinte carbone affectant le climat et l’acidification des océans, mais aussi une empreinte au sol qui réduit l’espace disponible pour la biodiversité. L’architecture régénératrice est une piste nouvelle à explorer à cette fin.

Opérer une salle d’escalade est également énergivore, tant pour le chauffage en hiver que pour le rafraîchissement en été. La consommation d’énergie aura un impact sur le climat et l’acidification des océans selon le mix énergétique du pays, et le fournisseur d’électricité sélectionné (ENR ou pas).

Aussi, dès la conception de la salle, de multiples paramètres devraient être pris en compte pour minimiser cette consommation: matériaux, isolation, exposition au soleil, protections, ventilation naturelle, entre autres. C’est aussi un calcul financier sur le long-terme.

Conclusion 

La complexité des systèmes dans lesquels nous évoluons nécessite une analyse approfondie de l’ensemble de la chaîne de valeur et du cycle de vie des produits, afin de les clarifier au mieux. L’éco-conception des produits, des structures et des salles est le point de départ d’un travail engagé en matière de minimisation de l’impact environnemental de l’escalade indoor. S’en suit l’identification de moyens pour prolonger l’usage, et minimiser l’impact tout au long de l’usage, associé à une équation économique viable.

Vous souhaitez plonger davantage dans ce travail environnemental engagé ? Oranea conseil est un service d’accompagnement dédié aux acteurs du monde de l’escalade pour construire une compréhension fine de leur impact et des solutions afin de le minimiser. La créatrice, Claire, a travaillé plusieurs années dans le domaine de la RSE, du développement durable et des énergies renouvelables. Elle est passionnée par ces sujets car elle porte la conviction que l’on peut contribuer à un monde plus efficace et préservé, en agissant ensemble et en écoutant ce que la nature a à nous dire.